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La lecture est-elle un plaisir solitaire ?


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Les scientifiques commencent à s’intéresser à la vie intérieure des lecteurs. L’un d’entre eux a montré que l’habitude de la lecture modifie sensiblement la personnalité et que des personnes ayant lu des romans qui les ont passionnées pendant quelques jours voient leur capacité émotionnelle, leur empathie, amplifiées. C’est un paradoxe intéressant si l’on considère que la lecture est un plaisir solitaire. Vous êtes installé sur une chaise longue avec un livre entre les mains, mais en réalité vous êtes tout à fait ailleurs, vous êtes transporté dans le salon d’Emma Bovary avec Flaubert ou en train de marcher inlassablement dans le bureau du Commandant Adamsberg avec Fred Vargas. A l’extrême, vous êtes Madame Bovary (c’est bien connu, Madame Bovary c’est vous, c’est nous…). Le romancier, par la voix qui est la sienne nous emmène si loin que nous devenons tour à tour, son héros, ou lui-même.

Plaisir solitaire alors, la lecture ? Non ! Elle permet de nous identifier aux personnages, de vivre dans leur monde, à leurs côtés. De là à dire qu’on en apprend davantage sur notre prochain, tout seul sur notre transat, qu’en face de lui ? Peut-être. La lecture nous modèle, nous transforme. Nous rend, peut-être pas meilleur, mais plus intense, plus riche.


De son côté, l’autrice et psychologue, Régine Detambel, met en valeur la vertu mémorielle de la lecture : « Grâce à une histoire, une simple phrase lue, notre vécu quelquefois se révèle, s'explicite de façon lumineuse et se transforme » dit-elle. Mise en abîme et en volume de la petite madeleine…


Pour finir, je citerai le livre de notre ami Vincent Schlegel, « Le partage de l’été ». Un de ses personnages, Gérard, dit qu’à « la lecture de Proust, il s’est imaginé d’autres morceaux de vie pour Albertine ou Swann, et après tout, Proust a tellement tiré à la ligne, qu’entre les lignes on pouvait en écrire d’autres. Il s’est imaginé aussi que le Narrateur avait guéri de son asthme et s’était mis à détester Cabourg. Pourquoi pas après tout, on est libre ! » conclut Gérard.

 
 
 

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